MÉDAILLE MILITAIRE     

 

 

 

Source :


J.O n° 85 du 11 avril 2007
- pages 6657 & 6658 - texte n° 31 -

 


MINISTÈRE DE LA DÉFENSE


Décret du 10 avril 2007 portant concession de la Médaille militaire

NOR : DEFM0700394D


Par décret du Président de la République en date du 10 avril 2007, pris sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu la déclaration du conseil de l'Ordre en date du 13 mars 2007 portant que les présentes concessions sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, et notamment de l'article R. 141 du code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, sont décorés de la Médaille militaire :

 


Armée active

ARMÉE DE TERRE


Avec effet du 23 novembre 2006



Bertrand ( Didier ), sergent-chef, infanterie ; 17 ans de services. Tué en opérations le 21 novembre 2006. Cité.

Hervé ( Stéphane, Marcel, Pierre ), sergent, infanterie ; 14 ans de services. Grièvement blessé en opérations le 21 novembre 2006. Cité.

 

 

 


 


J.O n° 85 du 11 avril 2007
- pages 6657 & 6658 - texte n° 32 -

 


MINISTÈRE DE LA DÉFENSE


Décret du 10 avril 2007 portant concession de la Médaille militaire

NOR : DEFM0700395D


Par décret du Président de la République en date du 10 avril 2007, pris sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu la déclaration du conseil de l'Ordre en date du 13 mars 2007 portant que la présente concession est faite en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, et notamment de l'article R. 141 du code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, est décoré de la Médaille militaire :

 


Armée active

GENDARMERIE NATIONALE


Avec effet du 3 janvier 2007



Lourties ( Jacques, Claude, Nicolas ), major ; 14 ans de services. Grièvement blessé dans l'accomplissement de son devoir le 1er janvier 2007. Décédé des suites de ses blessures le 2 janvier 2007. Cité.

 


 

 

Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire,
lors de la cérémonie des obsèques du gendarme Jacques LOURTIES à Charleville-Mézières ( Ardennes ).

Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui au quartier Dubois-Crancé, siège du groupement de gendarmerie départementale des Ardennes, en présence des autorités administratives, judiciaires et militaires et des élus du département pour honorer la mémoire du gendarme Jacques Lourties, promu Major à titre posthume, et pour dire à sa compagne Angélique, à ses quatre enfants, à sa mère, à ses proches et tous ses camarades combien nous partageons la peine immense qui est la leur. Nous voulons aussi leur témoigner notre solidarité et notre sympathie dans la dure épreuve qu'ils traversent. Ma présence et celle à mes côtés de la Ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, sont également l'expression de l'hommage que le gouvernement entend rendre solennellement au serviteur exemplaire de l'Etat qu'a été Jacques Lourties dont la carrière déjà riche s'annonçait prometteuse. La stupidité, la lâcheté, la sauvagerie d'un chauffard ont malheureusement brisé sa vie. Le chauffard et ses complices qui ont été interpellés auront à répondre de leurs actes et nous attendons, Michèle Alliot-Marie et moi, que la Justice de notre pays s'exerce avec une sévérité exemplaire. Devant de tels comportements aussi odieux qu'irresponsables, devant un tel mépris de l'Autre et de la vie, il ne doit y avoir ni clémence ni pardon. Avec la disparition tragique de Jacques Lourties, c'est une mère, c'est une compagne, ce sont des enfants qui sont dans la peine. Sachez Mesdames que notre écoute et notre soutien vous sont acquis. Il ne s'agit pas là de paroles de circonstances. Notre soutien, soyez en assurées, ira bien au-delà de notre présence à cette cérémonie. Nous vous le devons et c'est l'engagement que nous prenons aujourd'hui devant vous tous réunis. Avec la disparition tragique de Jacques Lourties, c'est aussi toute la communauté gendarmerie qui se trouve à nouveau endeuillée, après les lourds, trop lourds sacrifices payés en 2006 puisque ce sont treize militaires de la gendarmerie qui ont perdu la vie dans l'accomplissement du devoir, au service des Français. Ce décès affecte aussi, une fois encore, une fois de plus, la famille des motocyclistes, laquelle est en première ligne dans la lutte contre l'insécurité routière. Depuis quatre ans plus de 9000 vies ont été sauvées sur nos routes et plus de 110 000 blessés évités. Dans le département des Ardennes, le nombre des morts est passé de 36 en 2001 à 23 en 2005, celui des blessés de 357 à 193. Cette année encore, grâce aux efforts consentis des vies supplémentaires ont à nouveau été épargnées. Nous devons continuer dans cette voie et le drame survenu à La Neuville aux Joutes, cette nuit du 1er Janvier, montre que notre combat contre la violence routière n'est pas achevé. Cette cause est noble, et les vies épargnées sur les routes exigent un engagement de chacun de nous, parfois au prix de risques consentis. Chaque vie qui s'éteint constitue cependant une perte irremplaçable et chaque destin brisé ne peut rester sans réponse. Les mots sont souvent impuissants à rendre compte de nos sentiments. Ils peuvent cependant, au travers de l'évocation de la mémoire du disparu, rendre publiquement acte de ce qu'il a été et de ce qu'il a fait pour le service de son pays. Je veux donc évoquer maintenant la mémoire de Jacques.

Jacques Lourties est né le 2 septembre 1965 à Gimont dans le Gers. Après avoir obtenu son diplôme d'électromécanicien, il est appelé sous les drapeaux le 1er février 1986. Il choisit alors de servir dans l'armée de l'air et effectue son service national sur la base aérienne 702 d'Avord, dans le Cher. Au terme de ses obligations, il retrouve la vie civile mais il va conserver de ce premier contact avec le monde de la Défense un souvenir fort, nourri à la fois par les liens de fraternité alors noués et aussi par le sentiment d'avoir œuvré au service de la collectivité nationale et de l'intérêt général. Cette expérience, sans nul doute, va grandement influer sur son choix ultérieur de faire carrière en gendarmerie. Sept ans plus tard en effet, en avril 1994, alors qu'il est déjà pleinement installé dans la vie active, il fait le choix de la vie militaire et passe avec succès le concours de sélection pour devenir gendarme. Ce choix est exigeant car il impose au jeune homme, alors père de deux enfants, de rejoindre pendant une année, sous le régime de l'internat, l'école des sous-officiers de Montluçon dans l'Allier. Il va y suivre de manière assidue l'enseignement dispensé. Il fait preuve de détermination et d'une grande maturité. Sa faculté d'adaptation, sa capacité de travail, ses qualités physiques et sa motivation sont tout particulièrement mis en exergue par l'encadrement. A l'issue de sa formation initiale, il se situe ainsi parmi les meilleurs de sa promotion. Attiré par le service en unités motorisées, il a en outre, au cours de cette période de scolarité, passé avec succès les épreuves de présélection pour être motocycliste. Son classement lui ayant permis, conformément à ses vœux, de choisir directement la gendarmerie départementale, il est affecté au peloton d'autoroute de Langres, le 3 avril 1995. Là, il s'intègre d'emblée à l'équipe, produisant une excellente impression par sa volonté de toujours progresser et s'instruire. Quelques mois plus tard, ses souhaits sont satisfaits puisqu'il est admis à suivre le stage de formation des gendarmes motocyclistes à Fontainebleau. Il obtient avec brio cette qualification. Pendant près de cinq années d'un rythme soutenu au peloton d'autoroute de Langres, il poursuit son apprentissage des savoir-faire professionnels et de la vie de gendarme. Titulaire du certificat d'aptitude technique en 1997, il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière. Confronté à des situations diverses, à des expériences fortes, il confirme son aptitude pour le travail en unité motorisée, travail aux multiples facettes qui requiert esprit d'initiative et de décision, et qui se caractérise d'abord, à ses yeux, par des contacts étroits et permanents avec les usagers et la population. En 1999, dans la continuité de cette première affectation, il rejoint la brigade motorisée de Maubert-Fontaine, dans les Ardennes. Fort de ses solides acquis professionnels, il s'adapte rapidement à son nouvel emploi et prend toute sa part dans le travail de l'unité. Ayant à cœur de diversifier son champ de compétences, il approfondit ses connaissances dans les domaines de la réglementation des transports, du droit du travail ou encore de la lutte contre les atteintes à l'environnement et s'illustre dans des enquêtes difficiles. Le commandant de groupement des Ardennes lui adresse à ce titre, en décembre 2002, une lettre de félicitations dans laquelle il souligne son exceptionnel engagement. Le sens du service public, le souci de l'efficacité et la valeur du travail n'étaient pas, pour Jacques, de vains mots. Toujours animé du même désir de se perfectionner, il se lance dans la préparation au diplôme d'officier de police judiciaire. Il veut en effet disposer, le plus rapidement possible, de l'ensemble des prérogatives conférées par la Loi et ainsi confirmer ses excellentes dispositions dans la conduite des enquêtes. Ayant fourni un travail préparatoire de grande qualité, il réussit en 2003, dès sa première présentation, cet examen à la difficulté reconnue. Eloigné temporairement des missions à moto par une blessure reçue en service en janvier 2004, il prend alors à sa charge une part importante des tâches administratives du commandement de son unité. Il assume ainsi, progressivement, des fonctions d'adjoint au commandant de brigade. C'est également en considération de son engagement personnel et de son souci constant de partager ses connaissances qu'il est proposé par ses chefs pour suivre, en mai 2005, le stage de formateur-relais pour la lutte contre l'immigration irrégulière. Il s'agit là encore d'étendre les capacités d'investigations de l'unité. Dans cette zone frontalière où les passages d'un pays à l'autre sont d'une grande facilité, un engagement soutenu de la gendarmerie pour faire respecter les règles d'entrée et de séjour sur le territoire national s'impose en effet comme une évidence. Jacques Lourties, en raison de son excellente manière de servir et de ses aptitudes manifestes à exercer des responsabilités du grade supérieur, venait d'être distingué en cette fin d'année 2006 par une inscription au tableau d'avancement de l'année 2007. Il était à l'évidence au seuil d'une belle carrière de gradé.

Ce 1er janvier 2007, agissant sur réquisition du procureur de la République dans le cadre d'un dispositif départemental de sécurité à l'occasion des fêtes de fin d'année, il participe en compagnie du gendarme Grégory Aupied, à un service de contrôles routiers commandé entre 4 et 8 heures du matin. Les deux militaires établissent un poste de contrôle sur la place du village de La-Neuville-aux-Joûtes, non loin d'une discothèque. Ils bénéficient d'un éclairage public, portent leur chasuble et sont de la sorte aisément identifiables. Il ne peut y avoir aucun doute, aucune méprise ni sur leur qualité ni sur le sens de leur présence. Vers 5 heures 30, alors qu'ils s'apprêtent à contrôler un véhicule avec plusieurs personnes à bord, celui ci accélère brutalement et fonce délibérément sur les gendarmes. Jacques Lourties est heurté de plein fouet par le véhicule qui prend la fuite. Le gendarme Grégory Aupied échappe de justesse au même sort. Il porte les premiers soins à son camarade, appelle les secours et transmet les premiers éléments qui permettront, au terme de l'enquête diligentée sans désemparer sous la direction du Procureur de la République d'identifier et d'interpeller le chauffard et ses complices. Très grièvement blessé, et en dépit d'une intervention rapide des pompiers et du SAMU, Jacques s'éteint à l'hôpital de Reims le lendemain 2 janvier. A l'image de nombre de ses camarades, Jacques Lourties a perdu la vie en accomplissant son devoir. Il faisait ce soir là, à un moment où les Français achevaient de fêter le passage à la Nouvelle Année, son travail avec rigueur et conscience, pénétré par sa mission. Son engagement total, au service de Français et de la Loi, a valeur d'exemple et restera gravé dans nos mémoires. A vous Madame Noizet, qui venez d'être brutalement séparée de votre compagnon, à vous ses enfants Cynthia, Sandra, Lucas et la petite Malia, à vous Madame qui venez de perdre un fils, à vous tous ses amis, je tiens à renouveler notre compassion et vous assurer de notre totale sympathie.
Major Jacques Lourties, nous nous inclinons respectueusement devant vous. Le Ministre de la Défense va maintenant vous remettre deux décorations :
- La Médaille militaire qui rappelle votre appartenance à la communauté militaire ainsi que la valeur de vos mérites ;
- La médaille de la gendarmerie, avec citation, qui honore le choix que vous avez fait au service des autres.
Ces médailles et citation constituent l'ultime salut de vos chefs et de vos pairs qui vous expriment ainsi leur respect et leur reconnaissance.
Reposez en paix, Major Jacques Lourties, votre souvenir ne nous quittera pas.

Source : Ministère de l'Intérieur.

 

 

 


 


J.O n° 85 du 11 avril 2007
- pages 6657 & 6658 - texte n° 33 -

 


MINISTÈRE DE LA DÉFENSE


Décret du 10 avril 2007 portant concession de la Médaille militaire

NOR : DEFM0700396D


Par décret du Président de la République en date du 10 avril 2007, pris sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu la déclaration du conseil de l'Ordre en date du 13 mars 2007 portant que la présente concession est faite en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, et notamment de l'article R. 141 du code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, est décoré de la Médaille militaire :

 


Armée active

ARMÉE DE TERRE


Avec effet du 4 janvier 2007



Guillaumont ( Peter-Max, Amour ), soldat de 1re classe, troupes de marine ; 3 ans de service. Tué en opérations le 3 janvier 2007. Cité.

 

 

 


 


J.O n° 85 du 11 avril 2007
- pages 6657 & 6658 - texte n° 34 -

 


MINISTÈRE DE LA DÉFENSE


Décret du 10 avril 2007 portant concession de la Médaille militaire

NOR : DEFM0700397D


Par décret du Président de la République en date du 10 avril 2007, pris sur le rapport du Premier ministre et de la ministre de la défense et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d'honneur, vu la déclaration du conseil de l'Ordre en date du 13 mars 2007 portant que les présentes concessions sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, et notamment de l'article R. 141 du code de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, sont décorés de la Médaille militaire :

 


Armée active

GENDARMERIE NATIONALE


Avec effet du 22 janvier 2007



Devedija ( Rodolphe, Henri, Joseph ), adjudant ; 15 ans de services. Grièvement blessé dans l'accomplissement de son devoir le 19 janvier 2007. Cité.

Mortier ( Frédéric, Christophe, Claude ), major ; 16 ans de services. Tué dans l'accomplissement de son devoir le 19 janvier 2007. Cité.

Tauziet ( Bruno ), maréchal des logis-chef ; 24 ans de services. Grièvement blessé dans l'accomplissement de son devoir le 19 janvier 2007. Cité.


 

 

Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire,
lors de la cérémonie militaire en hommage au Maréchal des logis-chef Frédéric MORTIER,
à Versailles-Satory, au siège du GIGN ( Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale ).

Mesdames, Messieurs,
Pour la seconde fois depuis le début de l'année, la Gendarmerie nationale est endeuillée par la brutale disparition en service de l'un des siens. Il y a tout juste trois semaines, dans la nuit du 1er janvier, le major Jacques Lourties était volontairement fauché, dans les Ardennes, par un chauffard qui refusait de se soumettre à un contrôle routier. Dans la soirée du vendredi 19 janvier, à Gensac-sur-Garonne, alors qu'il participe, avec son groupe, à un dispositif de neutralisation d'un dangereux forcené, retranché à son domicile, le maréchal des logis-chef Frédéric Mortier est mortellement blessé par arme à feu. Ces drames affectent cruellement la gendarmerie nationale. Ils illustrent le prix élevé que vous acquittez dans votre mission au service de la communauté nationale. Je rappelle qu'en 2006, 13 des vôtres sont morts dans l'accomplissement du devoir. Chaque disparition est une tragédie, chaque vie qui s'éteint est une part d'Humanité qui s'en va. Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Défense et Moi-même avons intensément présents à l'esprit chacune de ces situations dramatiques, avec leur cortège de souffrance. Nous n'oublions rien. Nous connaissons le désarroi, immense, des familles même si nous connaissons aussi la formidable chaîne de solidarité, fraternelle et institutionnelle qui, à chaque fois, se met en place. Michèle Alliot-Marie et moi n'oublions rien car nous n'en n'avons pas le droit. Ni à l'égard des disparus et de leurs proches, ni à l'égard de vous tous, Hommes et Femmes qui êtes la Gendarmerie nationale. Nous savons aussi que, quoi qu'il arrive, vous ne doutez jamais sur le sens de votre engagement au service des Français et que ceux ci, en contrepartie, ont pleinement confiance en vous. Notre Devoir à nous, Ministres, c'est bien sûr de fixer le cap général, et de préciser la mission. Notre Devoir, c'est aussi de veiller à ce que vous disposiez des moyens et équipements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés, en recherchant certes l'efficacité, mais en n'oubliant jamais non plus votre sécurité. Car nous sommes comptables également de votre sécurité. Pour nous, le gendarme, comme le policier, est un professionnel qui fait un métier exigeant et difficile et qui, à l'issue de son service retrouve les siens, comme tout un chacun. On ne doit donc pas avoir de sentiment de fatalité face à l'accident, ni de résignation face à l'adversité. Nous sommes avec Michèle Alliot-Marie et Pascal Clément, ministre de la Justice, aujourd'hui à Satory, entourés également de nombreux élus et autorités, pour honorer, devant son père, le major Claude Mortier, devant son frère, l'adjudant Christophe Mortier, devant ses proches et amis, la mémoire de Frédéric Mortier, promu Major à titre posthume. Notre présence est également l'expression de l'Hommage que le gouvernement entend rendre solennellement à un serviteur exemplaire de l'Etat. Avec la disparition de Frédéric, ce sont un père et un frère qui sont aujourd'hui dans la peine. Sachons entendre leur peine. Qu'ils sachent, de leur côté, que notre écoute et notre soutien leur sont acquis. Avec la disparition de Frédéric Mortier, c'est aussi tout le GIGN qui est en deuil. On ne peut en effet appartenir au GIGN, épouser son rythme et partager son quotidien, fait de rigueur, de disponibilité et d'imprévu, si l'on ne fait pas une totale confiance aux autres, si l'on n'a pas le sentiment, chevillé au plus profond de soi, d'appartenir à une même famille. En ces instants de recueillement, nous pensons aussi au maréchal des logis-chef Bruno Tauziet et à l'adjudant Rodolphe Devedija, blessés au cours de la même opération. Nous formons à leur égard des vœux de rétablissement.

Je veux évoquer maintenant la mémoire de Frédéric Mortier. Frédéric est né le 17 mai 1972 à Pithiviers dans le Loiret. Dès l'obtention de son diplôme de commerce et de comptabilité, il décide, comme son frère, de suivre l'exemple paternel en embrassant la carrière des armes. Il est appelé sous les drapeaux en décembre 1990 et fait le choix de servir dans une unité renommée, le 6e Régiment parachutiste d'Infanterie de Marine à Mont-de-Marsan. Obtenant alors son brevet militaire de parachutiste et celui de tireur d'élite, il gravit les différents grades de militaires du rang puis accède à celui de sergent. Satisfait d'appartenir à ce prestigieux régiment, il sert au-delà de la durée légale. Il ne le quittera que pour poursuivre sa voie au sein de la Gendarmerie nationale. C'est donc un jeune sous-officier bien formé qui rejoint l'école des sous-officiers de gendarmerie de Montluçon dans l'Allier. Il n'a alors que 20 ans mais affiche déjà un tempérament tourné vers l'action. Il s'impose, au sein de sa promotion, par sa motivation, sa capacité de travail et des qualités foncières hors normes. Au terme de cette période d'apprentissage du métier de gendarme, il est félicité par son commandant d'école pour la qualité de ses résultats. Il choisit alors de servir à l'escadron 12/2 de gendarmerie mobile de Bouliac, en Gironde qu'il rejoint le 20 septembre 1993. S'intégrant rapidement à la vie en gendarmerie mobile, il poursuit sa formation complémentaire et est admis dès 1995 dans le corps des sous-officiers de carrière. A sa demande, il obtient en 1996 une affectation à l'escadron 32/2 de Toulouse. Là, compte tenu de ses aptitudes, il trouve naturellement sa place au sein de l'équipe d'intervention de l'escadron et à ce titre, pendant quatre ans participe à des missions délicates de maintien de l'ordre et de concours à la gendarmerie départementale. Son sang-froid dans les situations difficiles est particulièrement souligné. Mais Frédéric Mortier est prêt à aller encore plus loin dans son engagement. Et c'est sans hésitation qu'il décide d'entreprendre le parcours sélectif pour intégrer le GIGN. Sa démarche est couronnée de succès et il est admis dans ses rangs le 1er août 2000. Après une formation dense, dispensée pendant neuf mois, il rejoint en mars 2001, son groupe opérationnel. Dans le même temps, il intègre la cellule de tir longue distance et suit également avec succès la formation de chuteur opérationnel. Dès lors, aux côtés de ses camarades du Groupe, il va participer à nombre d'interventions et être confronté à des situations très délicates, dont en particulier l'arrestation de forcenés retranchés, comme celle survenue en avril 2002, à Saint-Pierre-de-Plesguen, en Ille-et-Vilaine. Il sera, à ce titre, félicité à plusieurs reprises et se verra décerner les médailles de bronze puis d'argent pour acte de courage et dévouement. Sa rigueur dans l'action, qui suit toujours une préparation mûrement réfléchie, sa précision dans l'exécution et sa sûreté de jugement sont des qualités unanimement reconnues à Frédéric Mortier. Se sentant apte à assumer des responsabilités accrues, il obtient brillamment, en 2004, le diplôme d'arme qui lui permet de se voir confier des fonctions d'adjoint au chef d'équipe puis de chef d'équipe et c'est en toute logique qu'il est promu au grade de Maréchal des logis-chef en 2006. Frédéric Mortier avait un caractère bien trempé. Maîtrisant toujours ses émotions, il avait aussi l'humilité de ceux qui connaissent des engagements intenses et éprouvants. Il jouissait de l'estime et de l'amitié de ses camarades. Il était reconnu de ses chefs.

Le 19 janvier 2007, Frédéric Mortier fait partie du groupe envoyé en urgence en renfort de la gendarmerie départementale de Haute-Garonne. Leur mission consiste à maîtriser un forcené, retranché à son domicile, qui a déjà ouvert le feu à plusieurs reprises. Vers 18 heures 30, alors que la nuit est déjà installée et qu'une équipe du GIGN procède à une reconnaissance technique des abords, le forcené tire à nouveau et blesse très grièvement le maréchal des logis-chef Tauziet. Vers 22 heures, les négociations ayant échoué, la décision est prise de déclencher l'intervention. Ce type de situation, bien que toujours délicate et dangereuse, n'a rien d'exceptionnel. Chaque membre de l'équipe présente en a personnellement vécu un certain nombre. Aucun n'en ignore les risques, chacun connaît parfaitement sa place dans le dispositif et sait exactement ce qu'il doit faire. Frédéric Mortier adhère sans réserve à la décision d'intervenir et se sent prêt. Ses derniers mots, juste avant l'assaut, en témoignent. En se retournant vers l'un de ses coéquipiers il lui dit simplement : « Celui-là, il a blessé [Bruno], il faut qu'on l'arrête proprement ». Pas de ressentiment, pas d'agressivité. Pas de peur non plus, juste une détermination lucide et l'adhésion sans faille au groupe et à son engagement moral et éthique qui donne tout son sens à sa vocation de Soldat de la Loi. Lors de l'intervention, qui débouche sur une confrontation éclair avec le forcené, le militaire de tête, l'adjudant Devedija, est blessé, presque à bout portant, malgré le bouclier de protection. Le forcené, projeté au sol, a cependant le temps d'ouvrir une nouvelle fois le feu. Il blesse ainsi mortellement Frédéric Mortier, qui était en deuxième position dans la colonne d'assaut. Le meurtrier, qui a tiré plus de dix fois au cours de la journée, est maîtrisé sans dommage pour lui. L'enquête de flagrance est toujours en cours. Elle est suivie avec attention par l'autorité judiciaire et devrait, dès que cela sera possible, se traduire par une mise en examen pour tentative d'homicide et assassinat. Michèle Alliot-Marie et moi-même avons entendu certains commentaires sur l'opportunité de déclencher à ce moment là l'intervention et nous poserons, c'est notre Devoir, les questions qui doivent être posées. L'heure n'est pas à la polémique. La polémique n'a d'ailleurs pas sa place et Michèle Alliot-Marie et moi réaffirmons notre confiance à ceux qui ont eu à gérer sur le terrain la situation. Nous ne savons que trop bien aussi, d'expérience, que certaines décisions, lourdes de sens, doivent être prises à un moment donné, lorsque, objectivement et en conscience, on estime que les conditions optimales de réussite de la mission sont alors réunies. Nous n'ignorons pas non plus, qu'en moyenne, le GIGN intervient chaque année sur une quinzaine de cas très similaires et dispose d'une expertise précieuse. Mais il conviendra, comme après chaque opération, d'en tirer tous les enseignements. Je le redis avec force. Devant un drame, notre position est simple : ni fatalité, ni résignation mais au contraire lucidité et courage. C'est comme cela d'ailleurs que vous mêmes, membres du GIGN, avez toujours procédé et c'est grâce à cela que vous avez, depuis trente ans, toujours progressé pour devenir cette formation reconnue tant sur les scènes nationale qu'internationale. A l'image de Jean-Louis Prianon, décédé en 1997 à Valaurie dans la Drôme, dans des circonstances similaires, Frédéric Mortier a perdu la vie en accomplissant son devoir. Il est le second militaire du GIGN à disparaître en opération. Il rejoint, dans nos mémoires, les noms des sept autres membres du Groupe qui ont également péri en service : Raymond Pasquier, Henri Jacques, Jean-Louis Maussion, Patrick Berteau, Jean-Michel Pignon, Antonio Capocello et Eric Arlecchini. A vous Major Claude Mortier et vous Adjudant Christophe Mortier, à vous tous ses amis, je renouvelle notre compassion et vous assure de notre sympathie et de notre soutien.

Major Frédéric Mortier, nous nous inclinons respectueusement devant vous. Le Ministre de la Défense va maintenant vous remettre deux décorations :
- La Médaille militaire qui rappelle votre appartenance à la communauté militaire ainsi que la valeur de vos mérites ;
- La médaille de la gendarmerie, avec palme, qui honore le choix que vous avez fait au service des autres.
Ces médailles et cette citation constituent l'ultime salut de vos chefs et de vos pairs qui vous expriment ainsi leur respect et leur reconnaissance.
Reposez en paix, Major Frédéric Mortier, votre souvenir ne nous quittera jamais.

Source : Ministère de l'Intérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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