PRÉFACE

 

 

Monsieur Marc CHAMPENOIS m’a fait un grand honneur en me demandant de préfacer le présent ouvrage multimédia. Mais suis-je vraiment qualifié pour le faire ? Je n’ose l’affirmer. J’ai toutefois accepté de m’engager dans la présentation de ce site « FRANCE PHALÉRISTIQUE » car je suis persuadé qu’il s’agit d’un réel document de qualité, traitant dans les moindres détails, de la Phaléristique, la science de l’étude des décorations.

Tel CHAMPOLLION ayant enfin découvert la clé des caractères secrets en décryptant avidement les pierres égyptiennes, notre rédacteur déchiffre sur les photos des héros, sur les poitrines des anciens combattants ou aux revers de veste des citoyens, la signification des médailles ou rubans qui les ornent. Ces attributs symboliques, sous-entendent des péripéties de vies exaltantes, souvent jalonnées d’épreuves mais attestent que leurs porteurs ont su sortir du commun et de la médiocrité.

Qu’il s’agisse des distinctions les plus prestigieuses ou des Ordres les plus humbles, des plus anciens aux plus récents, de l’Ordre mythique de la Sainte Ampoule datant de 496, à l’Ordre de Tahiti Nui fondé mille cinq cents ans plus tard, en juin 1996, par l’une des plus petites collectivités territoriales mondiales, la quête de l’auteur est incessante. J’ai cité l’Ordre de Tahiti Nui, parce que Marc CHAMPENOIS, ancien officier marinier, a pris sa retraite, comme moi-même dans ces sites paradisiaques. Cette identité géographique est à l’origine de notre rencontre et de la connaissance de ses recherches, de l’avancement de ces travaux et de la conclusion de ceux-ci. J’ai donc bien suivi sa démarche.

Quand il s’agit d’une œuvre littéraire technique, elle est naturellement issue majoritairement de compilation. La documentation réunie par notre rédacteur est impressionnante. Depuis des années, il a confronté, comparé, disséqué, analysé tous les textes, recherchant aussitôt que découverte l’origine de l’anomalie d’un récit ou de différences dans l’énoncé des statuts, voire dans la description des insignes.

Je ne suis pas sûr que le choix d’un militaire pour faire l’éloge de cette étude sur les décorations françaises, soit le plus judicieux. Il est connu que les porte-sabre, à tort, estiment comme leur apanage le domaine des distinctions. Chez eux, l’instant de la remise est si prestigieux, dans le cliquetis des armes, le bruissement des drapeaux et le silence solennel des foules présentes. Le moment coïncide toujours avec une cérémonie d’ampleur, une date mémorable et une place d’armes chargée d’histoire si bien que, comme certains, j’aurais pu ne retenir que l’héroïsme comme seul critère. Heureusement, le protocole, dans une éthique de justice, a prévu que des éléments civils soient également honorés pour leur dévouement à des causes charitables, pour leur participation au développement du pays ou à son renom, pour la consécration de mérites particuliers dans l’exercice de leur profession ou dans des activités de société. La reconnaissance nationale s’exprime à tous et c’est mieux ainsi.

Durant une carrière militaire de plusieurs décennies, il m’est arrivé de voir s’accrocher sur ma poitrine quelques-unes de ces « breloques », ainsi dénommées par les caustiques qui savent que cela ne leur arrivera sans doute jamais. Jusqu’alors je n’y attachais une valeur que par le renom qu’elles déterminent. Après la lecture de cet ouvrage, j’ai désormais considéré avec plus d’attention ces marques d’honneur faisant une distinction à leurs deux composantes : le ruban et l’insigne. Je sais maintenant que le ruban, souvent aux couleurs chatoyantes, peut être moiré, liseré, rayé, bandé, bordé ; qu’il peut recevoir, agrafes, étoiles, palmes ou rosette.

La médaille, parfois réel bijou, qu’elle soit d’or, de vermeil, d’argent, voire de bronze pour la plus modeste, épouse toutes les formes, ronde, ovale, carrée, en croix, en étoile, hexagonale, en couronne, en losange, ovoïde. Il lui arrive d’être pattée, pommetée, laurée, gravée, millésimée. Peu importe, en fait, leur allure, car les distinctions les plus belles ne sont pas forcément les plus prestigieuses. Mais à des degrés divers, elles constitueront toujours le témoignage de compétences, de dévouements, de sacrifices et d’actions d’éclat.

 

 

 

 

 

Jacques GAUTHO-LAPEYRE

Chevalier de la Légion d’honneur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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